L’ONU honore la mémoire de ceux qui ont péri lors du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994
Les Nations Unies ont honoré la mémoire de ceux qui ont péri lors du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et rendu hommage aux survivants, qui, malgré les souffrances, ont montré que la réconciliation était possible même après une tragédie d’une ampleur inouïe.
« Il y a de cela 24 ans, plus de 800.000 personnes ont été victimes de massacres systématiques lors du génocide de 1994 au Rwanda. Les victimes étaient en très grande majorité des Tutsis, mais comptaient également des Hutus modérés, des Twa et des membres d’autres ethnies », déclare le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message.
Le 26 janvier 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution désignant le 7 avril comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Cette nouvelle résolution vient modifier le titre de la Journée (Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda), mise en place à l’origine par la résolution du 23 décembre 2003.
La date du 7 avril correspond au début du génocide de 1994. Chaque année, l’ONU organise des événements commémoratifs à son siège à New York et dans les bureaux des Nations Unies dans le monde entier.
« Le Rwanda a tiré les enseignements de cette tragédie, et la communauté internationale doit en faire de même », estime le Secrétaire général de l’ONU. « Les États ont la responsabilité fondamentale de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Il est impératif que nous conjuguions nos efforts pour empêcher que de telles atrocités se reproduisent; il est impératif également que la communauté internationale envoie un message fort aux responsables pour qu’ils comprennent bien qu’ils auront à répondre de leurs actes ».
Le chef de l’ONU ajoute que la montée du racisme, de l’incitation à la haine et de la xénophobie dans le monde l’inquiète profondément. « Ces manifestations ordinaires de la cruauté humaine constituent le ferment d’actes bien pires encore », affirme-t-il.
M. Guterres se dit particulièrement préoccupé par le sort des musulmans rohingya au Myanmar, rappelant que les membres de cette minorité religieuse et ethnique ont été systématiquement tués, torturés, violés, brûlés vifs et humiliés, et plus de 671.000 d’entre eux ont fui au Bangladesh en quête de sécurité.
Alors que les Nations Unies célèbrent cette année le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le Secrétaire général demande aux États Membres de l’ONU qui ne l’ont pas encore fait de devenir parties à la Convention et invite tous les États à traduire en actes les engagements qu’ils ont pris.
« Si nous voulons sauver des vies, nous ne devons pas nous bercer de mots. Nous devons avoir le courage de nous départir de notre indifférence et trouver la volonté d’agir. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons honorer les victimes du génocide et tous ceux qui y ont survécu et faire en sorte que ce qui s’est produit au Rwanda ne se reproduise jamais, là ou ailleurs », conclut-il.
Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Adama Dieng, rencontre des Rohingyas réfugiés au Bangladesh, le 12 mars 2018.Photo Claudia Diaz/ONU
Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Adama Dieng, rencontre des Rohingyas réfugiés au Bangladesh, le 12 mars 2018.
Dans un entretien à ONU Info, le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a également dénoncé la persécution brutale des Rohingyas.
Les actes horribles commis contre les Rohingyas seront un jour portés devant un tribunal international, a déclaré M. Dieng, « et je n’ai aucun doute qu’ils seront qualifiés de crimes contre l’humanité, de nettoyage ethnique » et peut-être de génocide.
Selon le Conseiller spécial, la punition judiciaire pour de tels crimes est un début, mais il faut prêter davantage d’attention à la prévention.
« Nous avons dit à la fin de la Seconde guerre mondiale ‘plus jamais ça’, mais nous avons été témoins du génocide des Tutsis au Rwanda, nous avons été témoins du génocide des Musulmans de Srebrenica », a-t-il dit, faisant référence au massacre de milliers de Musulmans par l’armée serbe de Bosnie en 1995.
Les génocides ne se produisent pas « tout à coup », a rappelé M. Dieng. « Le génocide est un processus », a-t-il ajouté. « L’Holocauste n’a pas commencé avec les chambres à gaz. Cela a commencé avec un discours de haine ».
Au Rwanda et en Bosnie aussi, des massacres de masse ont suivi l’escalade du discours de haine et de déshumanisation. « C’est pourquoi je dois dire que le monde a fait défaut au peuple rwandais, que le monde a fait défaut au peuple bosniaque, et j’espère que le monde ne fera pas défaut à la population rohingya », a dit Adama Dieng.