Somalie : le respect des droits de l’homme est essentiel pour les prochaines élections (ONU)
L’ONU exhorte la Somalie, dans un rapport publié, à tirer parti des progrès importants réalisés au cours des cinq dernières années et à prendre des mesures pour que les futures élections ne soient pas entachées de violations des droits humains comme celles commises pendant le processus électoral 2016-2017.
Le rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) et du Bureau des droits de l’homme de l’ONU détaille les violations des droits de humains commises par les forces de sécurité de l’État, notamment la police, pendant et après les élections législatives et présidentielles tenues fin 2016 et début 2017.
A ce jour, seuls deux des 44 meurtres enregistrés pendant cette période ont fait l’objet d’enquêtes et de poursuites, précise le rapport de l’ONU.
En outre, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des dirigeants politiques ont été victimes d’attaques, d’intimidations et d’autres formes de harcèlement. « Cette violence a entravé la libre circulation de l’information, limitant la capacité des citoyens à bénéficier et à contribuer aux processus démocratiques », indique le rapport.
Le rapport note que le processus électoral 2016-2017 s’est déroulé à un moment où la Somalie n’avait pas de partis politiques. Sans les conditions nécessaires pour appliquer le suffrage universel, il y a eu un système d’élections indirectes. Le résultat a été un parlement plus diversifié, la moitié des membres étant nouvellement élus et la représentation des femmes passant de 14% en 2012 à 24%.
« Nous nous félicitons de ces progrès, mais il reste encore beaucoup à faire. Les femmes, les personnes handicapées, les clans minoritaires et les groupes de la société civile avaient peu ou pas accès au processus électoral car il s’agissait d’un processus politique basé sur une répartition entre clans », a déclaré Michael Keating, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie. « Dans la perspective des élections prévues pour 2020-2021, nous exhortons le gouvernement à mettre en place un système de représentation qui inclue tous les citoyens, basé sur le principe d’une personne, un vote ».
Le rapport exhorte le gouvernement somalien à veiller à ce que la législation électorale nationale soit promulguée avant les élections de 2020 et qu’elle soit conforme aux normes internationales relatives aux droits de l’homme applicables. Il devrait également y avoir un examen des candidats concernant les droits de l’homme. Au cours du processus électoral 2016-2017, les candidats comprenaient d’anciens chefs de guerre et un commandant militaire accusé de crimes de guerre.
« Alors que la Somalie poursuit la tâche ardue de la mise en place d’institutions et de la construction de la paix, le respect des droits de l’homme doit être au cœur de cette entreprise », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, soulignant que toutes les libertés publiques, telles que le droit à la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de réunion et d’association, doivent être garantis. « Il est essentiel que le droit des victimes à un recours et à une réparation soit respecté », a ajouté M. Zeid.