RCA : la MINUSCA et les humanitaires s’engagent à lutter contre l’exploitation et les abus sexuels
A Bangui, l’ONU et les ONG se sont engagées à partager les informations et à signaler les allégations d’exploitations et abus sexuels commis par leurs personnels en République centrafricaine (RCA).
« Nul n’est censé ignorer les règles. Et quiconque intervient dans l’action humanitaire doit respecter le code de conduite ». C’est sur ces mots qu’a débuté lundi à Bangui, la cérémonie de signature du protocole de partage d’informations et de signalement des allégations d’exploitations et abus sexuels commis par des humanitaires et des membres du personnel des Nations Unies en RCA.
L’objectif de ce document est de clarifier le processus de signalement des allégations d’exploitation et abus sexuels contre le personnel de l’ONU, des organisations non-gouvernementales (ONG) internationales et des partenaires nationaux.
Ce protocole vient compléter le code de conduite signé par 101 organisations internationales et nationales œuvrant dans le secteur humanitaire en Centrafrique.
« L’exploitation et les abus sexuels sont devenus un monstre contre lequel la MINUSCA se bat depuis plusieurs années, malgré les efforts colossaux que nous faisons dans ce pays et aux côtés des autorités centrafricaines », a déclaré Parfait Onanga-Anyanga, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA).
Partager l’information et unir les efforts contre l’exploitation et les abus sexuels
S’exprimant devant des membres du gouvernement centrafricain ainsi que des représentants de missions diplomatiques et organisations internationale, le chef de la MINUSCA a ajouté que la signature du protocole constitue « un pas important dans l’engagement de chacun et chacune à traiter l’ensemble de l’exploitation et des abus sexuels comme un vrai fléau qu’il nous faut terrasser ». Il a rappelé à cet égard l’importance du partage de l’information.
« Personne n’ignore le pouvoir de l’information. Or, pendant trop longtemps, notre incapacité à bien gérer et partager l’information a desservi notre action, renforcé les bourreaux et affaibli les victimes », a-t-il ajouté.
Des actes contraires aux valeurs et principes véhiculés par les humanitaires
La cheffe adjointe de la MINUSCA et coordinatrice humanitaire en Centrafrique, Najat Rochdi, a, à son tour, plaidé pour le respect des règles que « nul n’est censé ignorer ».
« En tant qu’humanitaires, nous sommes en Centrafrique pour une raison très claire, et avec un objectif très clair. A savoir, alléger les souffrances des populations les plus vulnérables et, surtout, les protéger et sauver des vies », a rappelé Mme Rochdi.
« Bien que l’exploitation et les abus sexuels se produisent dans tous les contextes, ceux qui seraient commis par des acteurs intervenant dans la réponse humanitaire demeurent inacceptables et constituent sans aucun doute un acte abject », a souligné la coordinatrice humanitaire.
Mme Rochdi a insisté sur le fait que ces actes sont contraires aux valeurs et principes véhiculés par les humanitaires et qu’ils portent atteintes à la crédibilité de acteurs de leur travail et à la confiance que les populations affectées leur portent.
Se félicitant de l’aboutissement de ce processus qui a duré 18 mois, Mme Rochdi a indiqué que cet engagement commun pris par la MINUSCA et les acteurs humanitaires est l’expression collective du renforcement de la communication. Une communication pour prévenir et lutter contre ce mal et s’assurer, d’abord et avant tout, que les victimes aient accès à la justice mais également à l’assistance dont elles ont besoin.
« A travers la signature de ce protocole, nous disons d’une seule voix Non à l’exploitation ! Non aux abus sexuels ! Non à l’humiliation sous toutes ses formes ! », a conclu la coordinatrice humanitaire.
S’exprimant au nom du gouvernement centrafricain, la Ministre de la promotion de la femme, de la famille et de la protection de l’enfant, Aline Gisèle Pana, s’est réjouie de la signature du protocole.
Selon Mme Pana, le document est en parfaite adéquation avec la politique du gouvernement centrafricain, à savoir « combattre toute forme de violence basée sur le genre ».
La Ministre a assuré que « le gouvernement est résolument engagé à combattre ces pratiques avec l’appui de tous ses partenaires ». Elle a invité les parties signataires à respecter les clauses de ce protocole et à veiller à sa stricte application. « Ainsi nous parviendrons à réduire les cas d’exploitations et d’abus sexuels ».