La prospérité de l’Afrique dépendra aussi de la création d’emplois attractifs pour la jeunesse rurale (FAO)
«L’agriculture continuera de générer des emplois en Afrique ces dix prochaines années mais il est important d’explorer d’autres opportunités au-delà de l’agriculture et notamment au niveau de la chaîne alimentaire afin de créer assez d’emplois pour les jeunes, en particulier dans les zones rurales», a déclaré aujourd’hui M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO.
M. Graziano da Silva s’exprimait à l’occasion de la Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique, qui se tient à Khartoum, au Soudan du 19 au 23 février 2018. Le thème principal de la Conférence porte sur la création d’emplois décents et attractifs sur le continent, le plus jeune au monde tenant compte de la moyenne d’âge de la population.
Selon le patron de la FAO, les pays doivent promouvoir des transformations rurales et structurales qui encourageront les synergies entre les activités agricoles et non-agricoles et qui renforceront les liens entre les zones rurales et les villes. Ces transformations se manifesteront notamment au niveau du traitement, de l’emballage, du transport, de la distribution, de la commercialisation et des services, en particulier des services financiers et commerciaux.
Plusieurs estimations suggèrent que près de 12 millions d’emplois devront être créés chaque année afin d’absorber les nouvelles arrivées sur le marché du travail ces 20 prochaines années. Aujourd’hui, près de 54 pour cent de la main d’œuvre africaine dépend du secteur agricole lorsqu’il s’agit de moyens d’existence, de revenus et d’emplois. Cela est particulièrement vrai pour l’agriculture familiale.
M. Graziano da Silva a évoqué le programme régional de la FAO «Emploi des jeunes : exploiter les débouchés dans les secteurs agricoles et ruraux en Afrique», qui va au-delà des emplois agricoles traditionnels et cherche à développer les capacités, ainsi que des approches innovantes à travers des programmes et des partenariats.
Faim, obésité, climat et chenille légionnaire
Dans son discours, José Graziano da Silva a souligné le fait que, conformément à l’Objectif de développement durable numéro 2, les efforts visant à atteindre l’objectif Faim Zéro devaient être associés à ceux visant à mettre un terme à la malnutrition sous toutes ses formes. Les taux actuels de surpoids et l’épidémie d’obésité à travers le monde l’attestent.
Se référant à des estimations de l’Organisation mondiale de la santé, selon lesquelles les maladies liées à l’obésité pourraient être les plus importantes causes de décès en Afrique d’ici 2030, M. José Graziano da Silva a déclaré : «Ici en Afrique, la situation est également préoccupante».
Le Directeur général a appelé à «agir sur deux fronts», en se concentrant sur la production et la consommation d’aliments sains, en faisant une publicité plus responsable des produits alimentaires et en organisant des campagnes d’information sur ces produits.
Par ailleurs, José Graziano da Silva a indiqué que la FAO travaille en étroite collaboration avec de nombreux pays à travers le monde qui ont officiellement demandé l’aide de l’Organisation afin de bénéficier des financements du Fonds vert pour le climat. A ce jour en Afrique, la FAO suit le développement de six propositions complètes de projets, au Bénin, en Gambie, au Kenya, en République du Congo et en Tanzanie, et d’autres projets en préparation.
Enfin, le patron de la FAO a estimé que l’Afrique est particulièrement affectée et vulnérable face au changement climatique, un phénomène qui favorise la hausse des épidémies de ravageurs et de maladies, avec notamment la chenille légionnaire d’automne. Cette dernière affecte tout particulièrement le riz, le sorgho, le coton et quelques légumes. La FAO qui, a réussi à mobiliser 13 millions de dollars et a injecté 10 millions de dollars de son propre budget, a besoin de plus», a souligné M. Graziano da Silva.