La crise dans le Bassin du Lac Tchad due à Boko Haram doit être une priorité humanitaire (ONU)
« Il faut remettre la situation dans le Bassin du Lac Tchad au centre des préoccupations et la question de Boko Haram ne doit pas être oubliée », a déclaré la Coordinatrice humanitaire de l’ONU au Niger, Bintou Djibo, lors d’une conférence de presse ce vendredi à Genève sur la situation dans cette région.
En compagnie de ses collègues responsables humanitaires au Nigéria, au Cameroun et au Tchad, Mme Djibo a attiré l’attention des donateurs sur la situation dans le Bassin du Lac Tchad, « qui est une crise sécuritaire et une question de protection ».
Aussi bien devant les Etats membres de l’ONU que lors de sa rencontre avec les médias ce vendredi au Palais des Nations, le message de Bintou Djibo se résume en seule phrase : « nous aimerions que cette question reste vraiment dans les agendas et que ça soit une priorité des priorités ».
La crise dans le Bassin du Lac Tchad doit rester la priorité « parce que la question de Boko Haram a créé beaucoup de vulnérabilités et constitue surtout une menace pour les populations ». Selon cette responsable onusienne, si rien n’est fait, « il y a des milliers de jeunes qui risquent de rejoindre Boko Haram ». « Il y a même des éleveurs qui sont en train d’aller de l’autre côté pour simplement des questions de survie de leurs bétails et qui malheureusement continuent à financer Boko Haram, en payant des taxes à cette organisation », a-t-elle ajouté.
Sur le plan humanitaire, cette crise se manifeste également par une insécurité alimentaire « qui a beaucoup augmenté par rapport à l’année dernière ». Selon l’ONU, près de 5 millions de personnes sont en insécurité alimentaire à des niveaux de crise et d’urgence alors que plus de 10 millions de personnes sont dans le besoin au Niger, au Nigéria, au Tchad et au Cameroun. En outre, « la malnutrition a dépassé les seuils d’alerte », selon la responsable onusienne. Presque un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition sévère aigüe dans cette région.
Selon la Coordinatrice humanitaire de l’ONU au Niger, la crise dans le Bassin du Lac Tchad se manifeste aussi par des mouvements de population. Au total, il y a plus de 211.000 réfugiés et plus de 2,2 millions de déplacés internes dans la région. « Les populations sont obligées de partir de chez elles pour sauver leurs vies au détriment de leurs moyens de subsistance », fait-elle remarquer.
Face à cette urgence humanitaire, Bintou Djibo rappelle qu’« il s’agit de sauver une région qui a un potentiel énorme et où les populations souffrent et ont besoin de protection ».