RDC : l’escalade de la violence menace des millions de personnes dans l’est où sévit le virus Ebola (HCR)
L’effet cumulé du conflit et du retour de la pandémie à virus Ebola dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), menace des millions de personnes, a averti l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Selon le HCR, les combats impliquant plusieurs groupes armés opérant dans la région se sont intensifiés dans les six territoires du Nord-Kivu, où opèrent plus de 100 groupes armés, terrorisant continuellement la population.
Des milliers de civils ont fui leurs villages, après que ceux-ci aient été incendiés, et aient rapporté avoir été victimes d’attaques brutales, perpétrées avec des machettes contre des civils.
« Les témoignages faisant état de massacres, d’extorsion, de déplacements forcés et d’autres violations des droits de l’homme sont fréquents » a précisé le porte-parole du HCR à Genève, Andrej Mahecic.
Aussi la violence sexuelle et à l’encontre des femmes est omniprésente dans le territoire de Beni. De nombreux enfants sont recrutés comme enfants soldats, a affirmé le HCR.
La violence est particulièrement répandue dans le « triangle de la mort », situé entre les villes d’Eringeti, de Mbau et de Kamango, à la frontière entre l’Ouganda et la RDC, ainsi que dans les villes de Beni, Oicha et Mavivi.
La situation humanitaire, déjà désastreuse, est encore aggravée par une épidémie de virus Ebola dans certaines parties de la province. La pandémie a causé la mort de plus de 50 personnes, et des dizaines d’autres personnes ont été infectées au cours des dernières semaines.
Un million de déplacés au Nord-Kivu
Les déplacements forcés de populations restent massifs dans cette partie du pays. Il s’agit de la plus forte concentration de personnes déplacées internes en RDC. Selon les estimations, un demi-million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer durant la seule année 2018.
Le HCR est particulièrement préoccupé par la détérioration de la situation dans le territoire de Beni, épicentre de l’épidémie actuelle du virus Ebola, qui compte environ 1,3 million de personnes. L’escalade du conflit y a laissé la population locale pratiquement en état de siège depuis octobre 2017.
Malgré une offensive militaire de grande envergure menée, depuis le mois de janvier, par l’armée congolaise contre l’un des principaux groupes rebelles, les Forces démocratiques alliées (ADF), la violence n’a pas cessé.
Au début de ce mois une équipe du HCR a accédé à la zone située au nord de Beni pour y mener des évaluations humanitaires dans les districts d’Oicha et d’Eringeti, malgré les défis de sécurité.
Les équipes du HCR ont vu des villages désertés, d’innombrables maisons incendiées et abandonnées, ainsi que des voitures carbonisées. Ceux qui ont fui ont trouvé refuge notamment à Beni et à Oicha, où les communautés d’accueil et les personnes déplacées sont victimes d’attaques brutales et imprévisibles.
Les déplacés dorment dans des sites de fortune « effroyables »
La ville de Beni accueille plus de 32.000 personnes déplacées et la majorité d’entre elles sont contraintes de vivre aux côtés des familles d’accueil, dans des écoles ou dans des églises. Plus des deux tiers ont été forcés de fuir au cours des trois derniers mois.
Les équipes du HCR ont constaté que ce sont les communautés autochtones déplacées et menacées qui se trouvent dans les situations les plus critiques.
Forcées de quitter leur milieu traditionnel dans les forêts, les conditions de vie de ces personnes dans des sites de fortune sont effroyables. Les familles dorment à même le sol, très peu protégées des éléments naturels dans des abris rudimentaires.
Ces personnes ont peu ou pas de moyens de subsistance étant donné qu’elles ne peuvent plus chasser dans les forêts, désormais sous le contrôle des groupes armés. Le risque est réel de voir ces personnes perdre leur culture et leur mode de vie.
Le HCR augmente ses capacités d’action dans le Nord-Kivu afin de répondre à l’augmentation des besoins humanitaires. Il met en place des abris d’urgence supplémentaires et d’autres moyens d’aide humanitaire pour répondre aux besoins des personnes déplacées à Beni.
Bien que la réponse humanitaire du HCR se poursuive malgré l’épidémie de fièvre Ebola, la situation sécuritaire actuelle et le manque cruel de financement entravent fortement les efforts de l’agence. L’appel de fonds d’un montant de 201 millions de dollars lancé par la HCR en vue de répondre aux besoins humanitaires de la RDC en 2018 n’a été financé qu’à hauteur de 17 %.