Elimination de la violence à l’égard des femmes : pour le chef de l’ONU, «il reste encore beaucoup à faire»
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné mercredi que l’éradication de la violence faite aux femmes et aux filles requiert une volonté politique forte, des ressources accrues et une action coordonnée.
«Chaque femme et chaque fille a le droit à une vie sans violence. Pourtant, cette rupture des droits humains se produit de diverses manières dans chaque communauté», a déclaré M. Guterres dans un discours prononcé au siège de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Les violences faites aux femmes sont une réalité quotidienne pour beaucoup de femmes et de filles à travers le monde et ne connaissent pas de frontières, a rappelé le Secrétaire général. Malgré les tentatives de les dissimuler, ces violences sévissent aussi bien dans les pays développés que ceux en développement. «Cela affecte particulièrement celles qui sont les plus marginalisées et les plus vulnérables», a-t-il déploré.
«Cette violence, signe le plus visible du patriarcat et du chauvinisme omniprésents, a un impact direct sur la santé physique et psychologique des femmes», a dit M. Guterres, soulignant qu’elle affecte des familles entières, des communautés et des sociétés.
Selon ONU Femmes – l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes – plus d’une femme ou une fille sur trois est victime de violence au cours de sa vie, 750 millions de femmes ont été mariées avant l’âge de 18 ans, et plus de 250 millions ont subi des mutilations génitales féminines.
«Chacun a le droit de vivre sa vie sans violence ni menace de violence. Cela vaut pour tous, peu importe leur sexe, leur âge, leur race, leur religion, leur ethnie ou leur caste, quel que soit leur niveau de revenu, leur orientation sexuelle, leur statut VIH, leur citoyenneté, leur lieu de résidence ou toute autre caractéristique de leur identité», a déclaré la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée.
Cette année la Journée a pour thème ‘ne laisser personne de côté’. «Cela signifie mettre les femmes et les filles sur un pied d’égalité dans tout ce qui les concerne», a précisé.
«Quand nous parlons du thème de cette année qui est ‘ne laisser personne de côté’, nous voulons identifier toutes les formes de violences auxquelles les femmes font face.»
La violence contre les femmes est aujourd’hui de plus en plus reconnue comme un obstacle majeur à la réalisation des droits humains et un défi direct à l’intégration et à la participation des femmes au développement durable et à la paix.
«Les militantes des droits des femmes sont ciblées à des niveaux alarmants. Et la violence contre les femmes politiques entrave le progrès des droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels des femmes», a déploré le Secrétaire général.
«Les femmes qui se présentent aux élections sont plus susceptibles que les hommes de faire face à la violence. Les femmes défenseures des droits humains sont plus à risque et la violence sexuelle horrifiante dans les conflits ne montre aucun signe de ralentissement», a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a rappelé que les Objectifs de développement durable (ODD) ne pourront être réalisés sans l’éradication de la violence faite aux femmes.
A cet égard, il a souligné la détermination des Nations Unies à lutter contre la violence à l’égard des femmes sous toutes ses formes.
Le chef de l’ONU a ainsi rappelé que le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour mettre fin à la violence contre les femmes a contribué à hauteur de 129 millions de dollars à 463 initiatives dans 139 pays et territoires.
A travers l’initiative «Spotlight», les Nations Unies et l’Union européenne renforcent les efforts des gouvernements et de la société civile pour éliminer toutes les formes de violence contre les femmes.
Par ailleurs, l’Initiative mondiale des Nations Unies pour des villes sûres et des espaces publics sûrs vise elle à mettre fin au harcèlement sexuel et à d’autres formes de violence sexuelle dans les espaces publics.
«Ces initiatives devraient nous aider à apporter des changements transformateurs. Mais il reste encore beaucoup à faire», a reconnu M. Guterres. «La violence contre les femmes est fondamentalement une question d’abus de pouvoir. Cela ne prendra fin que lorsque l’égalité des sexes et l’autonomisation complète des femmes seront une réalité».
Pour le Secrétaire général, l’émergence récente de rapports détaillant le harcèlement sexuel sur le lieu de travail de la part de nombreuses organisations et institutions dans le monde montre à quel point cette forme de violence sexuelle est omniprésente, y compris à l’ONU. «J’ai insisté sur une politique de tolérance zéro vis-à-vis du harcèlement sexuel aux Nations Unies», a-t-il précisé.
M. Guterres a indiqué que sa politique en matière de parité hommes-femmes à l’ONU est un pas en avant vers la réalisation de cet objectif, «afin que nous puissions accéder au potentiel de tout le personnel et en tirer parti».
Plus tôt cette année, le Secrétaire général a lancé une nouvelle stratégie pour lutter contre l’exploitation et les abus sexuels commis par ceux qui servent dans le cadre de l’ONU. A travers cette nouvelle approche centrée sur les victimes, M. Guterres s’est dit déterminé à prévenir et à mettre fin à ces crimes «qui causent des dommages durables à la population et à l’Organisation elle-même».
«Plus généralement, j’espère que nous assistons actuellement à une dynamique sans précédent en faveur de l’autonomisation des femmes et de la réalisation de l’égalité des sexes à tous les niveaux et dans le monde», a déclaré le chef de l’ONU. «Il est temps pour nous tous d’agir ensemble, afin que les femmes et les filles du monde entier puissent vivre à l’abri de toute forme de violence».